La maison où je suis mort autrefois. (Keigo HIGASHINO)
Sayaka Kurahashi va mal. Mariée à un homme d'affaires absent, mère d'une fillette de trois ans qu'elle maltraite, elle a déjà tenté de mettre fin à ses jours. Et puis il y a cette étonnante amnésie : elle n'a aucun souvenir avant l'âge de cinq ans. Plus étrange encore, les albums de famille ne renferment aucune photo d'elle au berceau, faisant ses premiers pas... Quand, à la mort de son père, elle reçoit une enveloppe contenant une énigmatique clef à tête de lion et un plan sommaire conduisant à une bâtisse isolée dans les montagnes, elle se dit que la maison recèle peut-être le secret de son mal-être. Elle demande à son ancien petit ami de l'y accompagner. Ils découvrent une construction apparemment abandonnée. L'entrée a été condamnée. Toutes les horloges sont arrêtées à la même heure. Dans une chambre d'enfant, ils trouvent le journal intime d'un petit garçon et comprennent peu à peu que cette inquiétante demeure a été le théâtre d'événements tragiques... Keigo Higashino compose avec La Maison où je suis mort autrefois un roman étrange et obsédant. D'une écriture froide, sereine et lugubre comme la mort, il explore calmement les lancinantes lacunes de notre mémoire, la matière noire de nos vies, la part de mort déjà en nous.
Je n'avais encore jamais lu de polar japonais et le titre et le résumé de celui-ci m'intriguaient beaucoup. On entre doucement dans l'histoire qui se noircit peu à peu. Le style est particulier, il n'y a pas de sang ou de scène trash mais le suspense est bien là. J'ai beaucoup aimé la construction de l'histoire car c'est une énigme à l'état pur. Sayaka et son ami démêlent lentement les fils pour découvrir ce qui s'est rééllement passé dans cette étrange maison. Ils se basent sur ce qu'ils voient, ce qu'ils lisent dans le journal intime qu'ils ont trouvé et surtout sur leur grand sens de la déduction.
C'est lent car il n'y a pas d'action à l'état pur mais jamais ennuyeux. On savoure les révélations au fil des pages et même si on essaie de trouver le comment du pourquoi, l'auteur brouille les pistes.
L'atmosphère dans cette maison est lugubre et lourde. La violence est omniprésente, dans les faits à défaut de l'être dans le style. On est ici dans le roman noir plus que dans le polar.
J'ai été captivée par cette horrible histoire jusqu'à la révélation finale. Un excellent moment de lecture comme souvent avec Actes Sud.
C'est le billet d'Eskalion qui m'a décidée à lire ce livre et SerialLecteur a apprécié également.